De l'exploitation comme fondement culturel


















Ici mon approche pour comprendre les raisons de l'implacabilité de la violence de notre culture est plus fondamentale, et je suis en train de découvrir que comme on dit, toutes les routes mènent à Rome, tous les chemins, ici, mènent à la perception et aux articulations de l'exploitation qui est la base de la civilisation. En d'autres mots, il n'importe pas vraiment de quel niveau, économique, psychologique, social ou physique (les ressources) nous parlons (aucun d'eux ne peut être séparé des autres de toutes façons), nous en venons toujours à la même conclusion. Pour parler encore autrement, le microcosme est une manifestation du macrocosme qui lui même reflète le premier. Ou pour encore changer de terminologie, nous sommes dans le pétrin, et nous avons de besoin d'arriver à savoir ce que nous allons faire de cette situation.
Parce que chaque cité-état (et maintenant toute l'économie industrielle globale interconnectée) repose sur l'importation des ressources, l'exploitation qui fonde notre culture doit rester en place, et ce peu importe à quel point nous pouvons nous sembler spirituels, clairvoyants ou paisibles vis-à-vis de nous-mêmes. Ces fondements reposant sur la violence sont en place, que nous choisissions ou non de les reconnaître. C'est en place, que nous nous désignions ou non comme des amoureux de la paix, que nous nous disions (à chaque fois) que nous nous battons pour amener la liberté, la démocratie et la prospérité aux gens irresponsables qui, la plupart du temps ne semblent pas vouloir ce que nous avons à leur offrir. C'est alors sans fards que nous nous frappons et tuons, (rappelez-vous du prémisse quatre), pour prendre leurs ressources. Plus précisément, ceux qui sont au pouvoir font ça. Plus précisément encore, ceux qui sont au pouvoir ordonnent à leurs serviteurs de faire ça, lesquels sont tombés dans la croyance que ceux qui sont au pouvoir ont le droit de prendre ces ressources.89
Cette culture a tué beaucoup de gens, et continuera comme ça jusqu'à ce qu'elle s'effondre, et probablement encore après son effondrement. Cela doit rester comme ça, parce que ces massacres sont inhérents aux besoins structurels et physiologiques de la société, ce qui les rend impossibles à changer. Les appels à la conscience, à l'humanité, à la décence sont ainsi condamnés avant même d'être proférés (et en fait ils peuvent même être nocifs dans la mesure où ils nous permettent à tous – des présidents aux PDG, aux généraux, aux soldats aux militants aux gens qui n'y pensent pas vraiment – de prétendre que ceux au pouvoir pourraient maintenir ce pouvoir sans violence, et que la production matérielle sur laquelle toute la culture est basée pourrait aussi continuer comme ça sans violence), non seulement parce que ceux au pouvoir se sont montrés – de façon similaire aux auteurs de violences familiales, pour des raisons similaires – empressés de commettre autant de violence qu'ils pouvaient perpétrer en toute impunité, et pas seulement parce que ceux au pouvoir se sont montrés psychologiquement hermétiques à ces appels (Cher Adolf, s'il te plait, ne fais pas de mal aux Juifs, et ne prend pas les terres des Slaves et des Russes. Sois sympa, ok?), mais aussi, et c'est plus important encore, parce qu'implacables, les institutions qui les servent sont tout aussi hermétiques à ces appels, d'un point de vue fonctionnel, comme les individus peuvent l'être d'un point de vue psychologique. Ils ont besoin de ces ressources et les obtiendrons, et au diable les malformations entraînées par l'uranium appauvri ou la fonte des glaciers. Tout cela signifie que les mouvements pour la paix sont condamnés avant même de commencer parce qu'à moins de vouloir défaire cette culture à la racine, et ainsi les racines de la violence, ils peuvent au mieux remédier à des causes superficielles, et fournir, au mieux une palliation.





Endgame, Irrécupérable, pp.72-73.
Derrick Jensen  (traduit en français par Les Lucindas)



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89 Et qui adhèrent au fait que des ressources ne sont que des ressources.

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